QUEL JEU POUR QUELLE FORMATION ?

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Quel jeu pour quelle formation ?

Utilisé en France depuis les années 1970, le jeu de formation fait désormais partie de la boite à outils du formateur, mais la grande variété de jeux existants rend parfois le choix difficile.
Dans le but d’aider les formateurs.trices à mieux intégrer le jeu dans ses interventions, cet article présente les différents types de jeux, leurs applications, leurs avantages et leurs limites.

DEUX IDÉES REÇUES À PROPOS DU JEU ET DE LA FORMATION

1ere idée reçue : Plus de théorie que de pratique

Le sens commun a souvent tendance à opposer la théorie à la pratique, mais en réalité il faut d’abord faire la distinction entre la finalité (l’apprendre) et les moyens (la pédagogie).

L’apprentissage (le vrai) est toujours la conséquence d’une théorisation individuelle, plus ou moins consciente. La pratique est simplement un moyen d’apprendre parmi d’autres; et que souvent complète d’autres moyens utilisés précédemment.

La pédagogie active n’est donc pas en concurrence avec les autres pédagogies.

Un processus d’apprentissage peut (ou devrait) combiner plusieurs formes et modalités d’animation, et les pédagogies dites transmissives, ou magistrales, restent une réponse adaptée pour certains publics et à des moments particuliers de l’apprentissage; ce que les spécialistes appellent : conflit socio-cognitif.

2ème idée reçue : Le jeu c’est pour les enfants

Aujourd’hui le jeu est considéré de tous comme un instrument qui permet d’apprendre, mais en milieu professionnel le barrage culturel qui sépare l’apprentissage et le plaisir dans l’acte d’apprendre est encore existant, bien qu’il tende heureusement à se réduire.
Si l’on accorde des valeurs éducatives au jeu pour les enfants, l’adulte n’a pas toujours le droit d’apprendre en s’amusant, alors que depuis longtemps les chercheurs en éducation ont apporté les preuves que l’adulte et l’enfant apprennent à peu près de la même manière. La principale différence réside dans le fait que le cerveau de l’adulte est « encombré » par ses connaissances et ses expériences, qui résonnent parfois en opposition avec les nouveaux messages.

3ème idée reçue : Le jeu n’est pas sérieux

Selon les sociologues qui se sont intéressés à ce sujet « … le jeu est un jeu s’il est considéré comme tel ».

Quest ce que cela signifie ? Ça signifie que lorsqu’une personne est en train de se former, elle est tout à fait consciente de se trouver dans le cadre institutionnel de la formation et que les situations proposées par le formateur ont un objectif pédagogique et non récréatif, d’où l’importance de bien présenter la situation de jeu pour qu’il n’y ait pas de malentendus.

À ce propos, nous sommes en train de préparer pour vous un article spécifique sur la « Théorie des Cadres » qui explique mieux cet aspect paradoxal du jeu de formation.

En formation professionnelle, il existe 4 catégories de jeux de formation, correspondantes à des fonctions spécifiques :

  1. Réfléchir (mobiliser les connaissances intérieurement)
  2. Simuler (mobiliser les connaissances à l’extérieur)
  3. Jouer un Rôle (mettre en scène)
  4. Serious Game (jouer online)

Jeux de réflexion

La plupart du temps matérialisé dans un plateau et des cartes et caractérisé par la compétition entre plusieurs personnes ou équipes, le jeu de réflexion est un détournement du jeu de société; il mobilise les connaissances des joueurs pour répondre à des questions, résoudre des énigmes ou prendre des décisions dans des situations problématiques. Cette forme de jeu est utilisés la plupart du temps pour valider et approfondir les connaissances ou sensibiliser à de nouveaux comportements.

Exemples d’utilisation en formation :

  • Apprentissage d’un modèle de vente.
  • Connaissance de produits, règles, responsabilités.
  • Prise de décision.
  • Gestion du temps.
  • Animation de conventions ou de conférences.
  • Évaluation des connaissances.

AvantagesSocialisant et valorisant.

Limites :  Risque que la dimension ludique prenne le dessus sur l’apprentissage.

Jeux de simulation

Utilisant le principe de la métaphore, le jeu de simulation est un modèle simplifié représentatif d’une réalité. Par exemple, l’utilisation d’un jeu de constructions, de type Lego, pour simuler la gestion d’un projet ou gérer le budget d’un ménage pour apprendre les principes de la gestion.
Contrairement aux jeux de réflexion qui développent principalement des savoirs, ici on s’intéresse davantage aux savoir-faire et aux comportements collectifs.

Usages fréquents en formation :

  • Intégration de nouveaux employés.
  • Accompagnement du changement.
  • Team building (cohésion d’équipe)
  • Compréhension d’un processus.
  • Résolution de problèmes.

Les (+)
Le jeu de simulation créé une vision globale et des liens de sens entre plusieurs concepts isolés.
Dans cet environnement virtuel, les phénomènes trop lents, trop rapides, trop rares ou trop dangereux deviennent accessibles.
L’espace et le temps sont déformés (dans une salle de formation et dans une journée il est possible de représenter les évènements d’une une entreprise multi-sites pendant une année).

Les (-) :
Tels des comédiens, les participants d’un jeu de rôle font « comme si » ils étaient des vendeurs face à leurs clients ou des managers face à leurs collaborateurs…
L’interprétation d’un personnage et la situation de « face à face » sont donc les éléments qui caractérisent ce type de jeux.
S’appuyant sur la pédagogie de l’erreur, le formateur accompagne les apprenants dans l’apprentissage de nouveaux comportements.

Jeux de rôle

Tels des comédiens, les participants d’un jeu de rôle font « comme si » ils étaient des vendeurs face à leurs clients ou des managers face à leurs collaborateurs…
L’interprétation d’un personnage et la situation de « face à face » sont donc les éléments qui caractérisent ce type de jeux.
S’appuyant sur la pédagogie de l’erreur, le formateur accompagne les apprenants dans l’apprentissage de nouveaux comportements.

Thèmes traités en formation :

  • Vente / relation client
  • Management
  • Communication

AvantagesDéveloppe la prise de conscience et un sentiment d’efficacité.

Limites

  • Très exigeant en énergies.
  • Le feedback peut être considéré trop subjectif.
  • Certains publics peuvent avoir des réticences à exposer leur comportement au regard d’autrui.

Pour aller plus loin sur le jeu de rôle : voir cet l’article

Serious Games

Permettant à l’apprenti pilote de faire des erreurs sans conséquences dramatiques, le simulateur de vol est le précurseur des Serious Games.
Devant un écran d’ordinateur, l’apprenant interagit avec des personnages ou des environnements virtuels pour s’entrainer à de nouvelles pratiques. Il s’agit d’un moment de transition entre la formation et la mise en pratique des acquis en situation de travail.

Pour former à :

  • Vente / Relation client
  • Management
  • Sujets techniques

Avantages
L’apprenant a la possibilité de répéter le même geste plusieurs fois et voir l’évolution des résultats, le serious game permet donc de s’entrainer individuellement, à son propre rythme, avant de s’exposer aux aléas et aux risques de la réalité du travail.

Limites
Comme dans beaucoup de formations individuelles à distance, la pratique n’est pas assurée et le coût est encore élevé.

Conclusions

Donc, quel jeu pour quelle formation ?

Le choix de la typologie de jeu dépend de plusieurs facteurs : le contenu, les publics, le contexte dans lequel la formation doit avoir lieu…

N’oublions pas qu’il y a également la possibilité de concevoir des jeux « hybrides », qui mélangent les caractéristiques de plusieurs jeux, par exemple, un jeu de simulation qui comprend des quiz de réflexion, ou alors un jeu de réflexion associé à des jeux de rôle…


Conseils de lecture :

Les jeux et les Hommes de Roger Caillois – Éditions Gallimard