La Pédagogie Inversée en Entreprise

Retour d’expérience

la pédagogie inversée en entreprise

MODÈLE NOUVEAU OU ANCIEN ?

La pédagogie inversée n’a pas attendu internet pour exister, certains la pratiquaient déjà il y a des décennies à l’aide des bons vieux livres, mais cette approche devient réellement efficace avec l’usage des outils numériques.

Concrètement, la pédagogie inversée consiste à apprendre la théorie en mode asynchrone (individuellement de manière autonome, sans la présence du formateur) pour la mettre en pratique de manière synchrone (avec le soutien du formateur).

De ce fait, la pédagogie inversée incarne la vraie pédagogie active qui consiste à intervenir de façon active auprès d’apprenants actifs.

Il serait alors plus juste de parler de « pédagogie avancée ».

LA PÉDAGOGIE INVERSÉE, ACCÉLERÉE PAR LES NTIC

Le digital a libéré la formation des contraintes de lieu et de temps mais, malgré l’évolution technologique, la formation professionnelle est toujours calquée sur le modèle traditionnel (héritage du temps de l’école) : en salle, le formateur transmet des nouveaux concepts, ensuite l’apprenant essaye, bien ou mal, de les mettre en pratique dans son travail quotidien.

En réalité, les vraies difficultés d’apprentissage émergent au moment du transfert à la réalité du travail, et c’est là où l’apprenant aurait besoin du soutien du formateur !

Aujourd’hui, quelques clics suffisent pour accéder à des connaissances sans médiation du formateur, et d’ailleurs avec des interactions pédagogiques souvent bien plus captivantes et efficaces que les traditionnelles.

Le digital, non seulement met à notre disposition des objets d’apprentissage de type e-learning, capsules vidéo, lectures thématiques… mais nous permet aussi de collaborer efficacement avec des outils de type classe virtuelle, chat,  réseaux sociaux…

UN CAS D’ENTREPRISE

Un grand groupe industriel nous a demandé de former les experts métier (formateurs occasionnels internes) à la conception et à l’animation de formations blended (présentiel + e-learning + classe virtuelle).

LE PROBLÈME

Dans un objectif de productivité et de réduction des frais de déplacement, l’entreprise avait décidé de réduire la durée des formations présentielles, en proposant tous les contenus théoriques via des modules e-learning.

Des sessions présentielles continuaient à avoir lieu, en amont ou en aval de l’apprentissage à distance.

Mais un an après la mise en place de cette nouvelle démarche, la direction de la formation s’est rendue compte des mauvais résultats des formations, ainsi que de l’insatisfaction des apprenants.

LES CAUSES

Un audit a mis en évidence plusieurs dysfonctionnements :

  • La plateforme LMS de dernière génération, contenant un large catalogue de modules e-learning, était considérée comme un simple stock de contenus, qui étaient utilisés pour concevoir les formations en mode « briques de Lego » !
  • L’organisation du travail ne prenait pas en considération la formation à distance, ce qui obligeait les collaborateurs à se connecter aux modules e-learning en dehors du temps de travail.
  • Un très grand nombre d’apprenants trouvaient des difficultés à se connecter à la plateforme et abandonnaient la formation.
  • Et enfin, l’absence de tutorat à distance était la cause de la perte de contrôle de l’assiduité et du niveau d’acquisition des connaissances.
LA SOLUTION PÉDAGOGIE INVERSÉE

Les formateurs internes que nous devions former étaient amenés à former les salariés aux techniques métier, pour les accompagner ensuite dans la mise en pratique des acquis en situation de travail.

Ce contexte était particulièrement favorable à la pédagogie inversée, d’où la structure de notre formation de formateur :

  1. Les futurs formateurs entrent dans le parcours avec un besoin de formation clairement identifié et l’engagement de produire comme livrable une nouvelle formation prête à l’animation.
  2. Après la rédaction du cahier des charges, ils formulent des objectifs pédagogiques et définissent les contenus.
  3. Ils choisissent les méthodes et outils adaptés et produisent les ressources de  formation.
  4. Testent le prototype de leur formation et font les derniers ajustements avant de se lancer dans le déploiement.

Pour la réalisation de ces 4 phases, ces formateurs internes ont appris les concepts de base de l’ingénierie pédagogique sur notre plateforme e-learning, puis, pendant des ateliers en salle et en classe virtuelle notre intervenant les a accompagnés dans la conception de leurs propres formations.

Cette manière de procéder a été payante car il a permis aux formateurs de notre client, d’abord d’expérimenter la pédagogie inversée en tant qu’apprenant, puis de la mettre en oeuvre en tant que formateurs.

LES PLUS INCONTESTABLES DE LA PÉDAGOGIE INVERSÉE


RESPECT DES RYTHMES D’APPRENTISSAGE

Dans la formation de groupe classique dite « transmissive », il arrive très souvent que certains apprenants ont du mal à suivre et d’autres s’ennuient terriblement.

Nous avons tous un rythme d’apprentissage différent et, pour le même sujet, nous avons des références et des niveaux de connaissances différents.

La possibilité d’apprendre la théorie de manière individuelle et autonome permet de respecter les besoins et les rythmes de chacun.

INDIVIDUALISATION & HÉTÉROGÉNEITÉ

Les difficultés que le formateur rencontre lorsqu’il doit former des groupes de niveau différent disparaissent avec la pédagogie inversée, du fait du découpage des parcours de formations en unités de courte durée et de l’utilisation de plusieurs modalités d’apprentissage.

Les apprenants peuvent décider de l’effort à consacrer à chaque module, en fonction des compétences qu’ils doivent développer.

RESPONSABILISATION & MOTIVATION

La nature des activités, l’organisation modulaire de l’apprentissage et le rapide passage à l’action, créé un climat de confiance et un sentiment d’efficacité, avec un très grand impact sur l’envie d’apprendre.

LE TRAVAIL DU FORMATEUR DEVIENT BEAUCOUP PLUS INTÉRESSANT !

La formation conventionnelle oblige le formateur à répéter à chaque formation le même récit théorique et, comme dans tous métier, les taches répétitives ne sont pas enrichissantes.

La pédagogie inversée conduit automatiquement le formateur à adopter une posture à véritable valeur ajoutée.

Contrairement à celle de « dispensateur de connaissances », cette nouvelle posture se situe à l’intersection entre les postures de facilitateur, de tuteur et de consultant.

CONCLUSIONS


LES CONDITIONS DE LA RÉUSSITE

La mise en œuvre de la pédagogie inversée est soumise à deux conditions :

  1. L’entreprise doit mettre à disposition les outils adaptés et fiables et avoir des formateurs capables d’animer des parcours de formation multimodale.
  2. Les apprenants, en collaboration avec la hiérarchie, doivent avoir des objectifs d’apprentissage qui pourront se matérialiser ensuite par des livrables opérationnels (en situation de travail).
  3. Et le plus difficile : les apprenants doivent avoir la capacité et la possibilité d’apprendre de manière autonome, c’est à dire, prendre le temps d’articuler travail et apprentissage.

Si ces trois conditions sont réunies, la pédagogie inversée est une façon extrêmement efficace et économique de former des adultes, qui y retrouvent le goût d’apprendre, à leur propre rythme, avec une satisfaction professionnelle.

LES PIÈGES À ÉVITER
  1. Penser que tous les apprenants sont réellement autonomes dans l’apprentissage et acceptent facilement de travailler en mode collaboratif; d’où l’importance de mettre en place un système de suivi et de validation des acquis adapté aux différents publics.
  2. Croire que la technologie soit une baguette magique, qui peut se passer de la bonne vieille pédagogie; d’où l’importance de tenir en considération les représentations existantes chez les apprenants, traiter le conflit socio-cognitif, bien tenir compte des contraintes sociales et organisationnelles, impliquer le management dans la préparation et le suivi, etc…

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